Déclaration du Collège des psychologues du Nouveau-Brunswick concernant les révisions apportées à la politique 713

Le comité des affaires professionnelles du Collège des psychologues du Nouveau-Brunswick s’oppose aux révisions apportées à la politique 713. Nous sommes solidaires des innombrables organisations à l’échelle de la province et du pays, y compris de Pride in Education, de la New Brunswick Association of School Psychologists (NBASP), de la New Brunswick Teachers Association, de l’Association canadienne des libertés civiles, de Chroma NB, d’Alter Acadie, du Conseil des femmes du Nouveau-Brunswick, du Défenseur des enfants et de la jeunesse et du Réseau de santé trans du Nouveau-Brunswick. Nous sommes extrêmement préoccupés par le manque de consultation entourant ces révisions et surtout par les conséquences néfastes que cette politique risque d’entraîner pour les enfants et les jeunes 2SLGBTQIA+. Nous exhortons le gouvernement du Nouveau-Brunswick, et particulièrement le ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance, à révoquer ces modifications.

Les personnes 2SLGBTQIA+, notamment les enfants et les jeunes transgenres et de diverses identités de genre, sont davantage à risque de violence, d’itinérance, de problèmes de santé mentale et, plus grave encore, de suicide. L’un des principaux facteurs qui permettent d’atténuer et de réduire ces risques est l’affirmation des identités 2SLGBTQIA+, et notamment le respect et l’utilisation du nom et des pronoms choisis par la personne. La politique 713 établit des normes minimales visant à favoriser la sécurité, l’affirmation et l’inclusion dans les écoles et à soutenir fermement le choix des noms et pronoms des élèves. Bien que nous reconnaissions l’importance du rôle des parents dans la vie de leurs enfants, nous craignons que les révisions apportées à la politique 713 aient pour conséquence de révéler l’orientation sexuelle ou l’identité de genre des enfants à leur famille avant qu’il ne leur soit possible de le faire de façon sécuritaire, ce qui va à l’encontre de l’objectif de la politique. Les modifications à la politique 713 qui exigent d’obtenir le consentement parental pour que l’identité d’un enfant soit utilisée et respectée par les écoles augmentent le risque de préjudices pour les enfants et les jeunes 2SLGBTQIA+ dans la province.

Nous sommes également préoccupés du fait que les révisions prévoient que les enfants et les jeunes transgenres et de diverses identités de genre qui n’ont pas le soutien de leurs parents soient orientés vers un professionnel de la santé mentale, à savoir un psychologue scolaire ou un travailleur social scolaire, « pour développer un plan » afin de parler à leurs parents. Une telle « solution » comporte de nombreuses lacunes et ne reflète pas la réalité du système scolaire public, qui fait face à des problèmes incontestables de recrutement et de rétention de professionnels de la santé mentale, qui sont d’ailleurs peu nombreux à se spécialiser dans le travail auprès des jeunes 2SLGBTQIA+ et de leur famille. Ni les révisions apportées à la politique 713 ni le gouvernement du Nouveau-Brunswick ne font mention de cette pénurie ou tentent d’y remédier, non plus qu’ils proposent de former les professionnels du système. Ainsi, les élèves transgenres et de diverses identités de genre seront obligés d’attendre avant d’affirmer leur identité et, par le fait même, seront exposés à des risques accrus. De plus, en rendant obligatoire l’obtention du consentement parental pour les jeunes de moins de 16 ans, les révisions ne tiennent pas compte des responsabilités juridiques et éthiques des psychologues. Un refus de consentement de la part des parents entraverait encore davantage l’accès aux services et conduirait au mégenrage et au morinommage continus des élèves. En outre, le fait d’orienter les élèves 2SLGBTQIA+ vers un professionnel de la santé mentale sans autre motif que leur affirmation a pour effet de stigmatiser et de pathologiser leur identité. Les révisions apportées à la politique obligeraient également les psychologues scolaires à causer du tort à leurs clients jusqu’à ce que leurs parents ou tuteurs légaux consentent à l’utilisation de leurs noms et pronoms. En outre, cette solution fait fi de l’autonomie des enfants transgenres et de diverses identités de genre ainsi que de leur cheminement sur le plan de l’affirmation, qui est très personnel et différent pour chaque personne. Cette solution n’est pas acceptable.

Nous sommes également déçus du manque de consultation entourant ces révisions. D’une part, aucune organisation 2SLGBTQIA+ n’a été consultée. D’autre part, bien qu’ils soient considérés comme un élément essentiel de la politique, ni les psychologues du Collège ni ceux de la NBASP n’ont été consultés. Or, le ministre de l’Éducation et du Développement de la petite enfance a déclaré à maintes reprises que tous les intervenants seraient consultés.

Il est impératif que notre système scolaire offre aux jeunes 2SLGBTQIA+ des espaces qui favorisent la sécurité et l’affirmation. Les écoles mettent tout en œuvre pour permettre aux élèves de s’exprimer, de développer leur identité et d’accroître leur autonomie. Les révisions apportées à la politique 713 vont à l’encontre de ces objectifs. Nous demandons donc au gouvernement de révoquer les modifications, de mener une véritable consultation et d’élaborer une politique qui tient compte de l’importance de protéger les élèves et de limiter les préjudices qui pourraient leur être causés.

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